Ils ont traversé, c'est une certitude !
Publié le 10 Novembre 2010
Les quatre jours passés dans les archives de Washington le mois dernier s’étant révélés extrêmement prometteurs, il fallait avancer vite et aller à l’essentiel. C'est pourquoi nous avons passé la semaine dernière 6 nouvelles journées sur place. Les archivistes commencent à se passionner pour nos recherches sur L'Oiseau Blanc. Ils ont complètement compris l'esprit de notre démarche et ils sont devenus des fans et sont les premiers à nous aider.
- Nous commençons à voir apparaitre dans différents documents archivés (80 boites analysées), des textes confirmant la présence de morceaux d'ailes flottant entre Saint-Pierre et au delà de Portland !
- En effet, après avoir eu la chance de tomber sur ce télégramme d’un commandant de navire Coast Guards, daté du 18 août 1927 et signalant à ses supérieurs que son navire était à côté "de deux ailes blanches l'une au-dessus de l'autre qui leur semblait être celles de l'avion de Nungesser et Coli", nous avons pu retrouver la trace de trois petits bateaux de Coast Guards portant les numéros CG 231, CG 290 et CG 234, ce dernier ayant embarqué une aile !
- Malheureusement, impossible de récupérer son livre de bord. Plusieurs fois dans les télégrammes ou les logs-books consultés, le commentaire "voice order" apparaît. Il n’y a donc pas de trace écrite !
- Il y a tout lieu de penser que tous les morceaux de l'épave de l'avion ont plus ou moins été classés confidentiels...
- L'analyse des courants (courant du Labrador) et des dates (de mai à aout 1927) coïncident !
Toujours dans ces archives, on découvre une ambiance de départ de course qu'il faut gagner à tout prix !
Quatre avions sont quasiment prêts à décoller de New-York entre avril et début mai 1927 :
- "L'America" de Richard Byrd, un Fokker tri-moteur.
- "L'American Legion" de Davis et Wooster, un Keyston K47 tri-moteur.
- "Le Columbia" de C. Chamberlain, soutenu par un Congress-man important : Hamilton Fish Jr !
- "Le Spirit of St Louis" de Charles Lindbergh, le plus petit avion, un seul pilote !
Des noms qui font penser aux défis de la Coupe de l'America ! Le mauvais temps les empêche de partir, seul Lindbergh prend le risque de s'envoler le 20 mai !
Pour les français :
- Fonck a déjà fait un essai et s'est écrasé au décollage, tuant deux de ses équipiers !
- Nungesser et Coli sont des challengers dangereux car capables de battre les Américains...
Entre 1926 et 1928, ce défi de la traversée de l'Atlantique fera 21 morts, 6 blessés en 12 essais.
6 traversées seront réussies.
A l’époque, les meetings faisaient déplacer des foules, les avions et leurs pilotes étaient des héros !
Il y avait déjà de "l'intox médiatique" : dès la disparition de L'Oiseau Blanc les journaux français ont accusé les météorologistes américains d'avoir fourni de fausses indications à nos aviateurs. L'ambiance était tendue entres nos deux pays, les USA étaient en pleine période de prohibition et leur Gouvernement souvent dépassé par les lobbies.
Deux hommes ont manifestement calmé les tensions et joué un rôle considérable suite à la victoire de Lindbergh pour retourner la situation : Milton Herrick, Ambassadeur des USA à Paris et Aristide Briand, Président du Conseil en France... Les Français ont joué le jeu et acclamé Lindbergh d'une façon extraordinaire ; quelques semaines après, les deux nations signaient le "pacte d'amitié Franco-Américain"... et tout porte à croire qu'il valait mieux tourner la page définitivement de la disparition de Nungesser et de Coli, sans doute "perdus dans la Manche" !
Dans le fond, nous ne faisons que répondre à la première question que Charles Lindbergh posa à son arrivée au Bourget le 21 mai au soir: "A-t-on des nouvelles de Nungesser et Coli ?"...
"Oui, ils ont bien réussi leur traversée de l'Atlantique, mais ils sont morts en amerrissant près de Saint-Pierre-et-Miquelon !"
Les archivistes de Terre-Neuve nous ont également remis les doubles des lettres authentifiées des témoins visuels de l'avion le lundi matin du 9 mai 1927...
En résumé : nous disposons de suffisamment d'éléments pour réhabiliter nos deux aviateurs, affirmer qu'ils ont traversé l'Atlantique 11 jours avant Lindbergh, et établi le record de distance. Nous allons donc proposer ces éléments à une commission de spécialistes de l'Histoire de l'Aviation, nationale, puis internationale, avec la collaboration des Américains. Nous n'avons plus le droit de nous taire !